Pour Kandinsky, les Improvisations sont des traductions picturales d’événements profondément spirituels. Dans Improvisation 7 (Tempête), les couleurs composent des champs qui semblent poussés par un souffle puissant sur la surface du tableau. Ces champs colorés, majoritairement délimités par des lignes, structurent l’espace tout en accentuant l’idée du chaos.
« […] Je vivais déjà à Munich, je fus ravi un jour par une vue tout à fait inattendue dans mon atelier. C’était l’heure du jour déclinant. Après avoir travaillé sur une étude, je venais de rentrer chez moi avec ma boîte de peinture […] lorsque j’aperçus un tableau d’une indescriptible beauté baignée de couleurs intérieures. Je commençais par me renfrogner, puis me dirigeai droit sur cette œuvre énigmatique dans laquelle je ne voyais rien d’autres que les formes et des couleurs dont le sens me restait incompréhensible. Je trouvais instantanément la clef de l’énigme : c’était un de mes tableaux posé de côté contre le mur. Le jour suivant, je voulus reproduire l’impression à la lumière du jour. Mais je n’y parvins qu’à demi : même de côté, je reconnaissais sans cesse les objets, et il y manquait le subtil glacis du crépuscule. Je savais à présent très exactement que l’objet était nuisible à mes tableaux. » (Regards sur le passé et autres textes : 1912 – 1922.)
Improvisation 14 est réalisée quelques mois plus tard, en 1910. C’est dans le dessin préparatoire de cette œuvre que l’on trouve le sujet du tableau. Dans un paysage aux arbres élancés, deux chevaliers armés et leurs montures se font face. La couleur, cernée de noir, crée le dynamisme et sur le fond bleu ciel convergent les forces des deux protagonistes. Dans le tableau, l’agencement des formes colorées prime sur la représentation « objective » de la réalité. Il répond au seul principe d’une nécessité intérieure « qui en motive les couleurs et les formes. »